my GREECE  by dominique milliez

Ce matin, au petit déjeuner de l'hôtel, autour d'une table voisine de la mienne, un groupe de touristes Français en étaient à comparer les mérites des restaurants… de Picardie qu’ils connaissaient ; Autant vous dire que la journée commençait bien.

 

Puis, la conversation roula je ne sais trop comment sur « ses routes de montagne préférées ». Et chacun d’y aller de son col de l’Iseran, la Corse, le Vercors, … Et puis, l’un d’entre eux osa les Andes ! Ce fut alors un déferlement : le Laddak, le grand Canyon, le Kilimandjaro…

 

Ayant épuisé le stock des hauts sommets de la planète, la question me tomba dessus comme un couperet : « Et, vous Monsieur, quelle route de montagne préférez-vous ? » Devant mon mutisme (je n’avais jamais jusqu'à présent réfléchi à cela), le grand inquisiteur du groupe insista : « on a tous dans son imaginaire, une route de montagne préférée, non ? ». Je pris mon air inspiré et tel Boudha, le sage assis sur sa montagne, justement, je répondis en un souffle mystérieux : « je vous le dirai demain ». 

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J’ai désormais ma réponse. Mon savoir est très récent : du jour même. Je décidais derechef d’aller à Sparte en traversant le Magne, 60 km. Avantage : nous sommes au pied de cette barrière massive. Gros hic : ce matin, la route est barrée par les gendarmes : « Eboulements cette nuit. La montagne a tremblé. On dégage. Gros blocs. Réouvert dans 3 heures. Faire le tour : 160 km. Autoroute. Circulez. »

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Une montagne mystique,

tellurique et écologique  

 

Cette montagne commençait à m’intéresser bigrement. De quoi fermer le clapet au grand inquisiteur demain matin. Le Magne est à la conjonction des plaques africaine et eurasienne et tremble très souvent. En 1994, il a subit un tel séisme que les glissements de terrain ont été gigantesques. La ville de Kalamata a perdu plusieurs milliers d’habitants sous les terribles coups tellurriques. Il a fallu la reconstruire presque entièrement. 

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La montagne gronde, certes, mais aussi... elle nous parle ! En effet, sur son versant oriental, spartiate, elle nous invite à une réflexion mystique avec la communauté orthodoxe de Mystra. Tandis que sur son versant occidental, messenien, d'immenses «murales» écologiques nous interpellent pendant plusieurs kilomètres, sur l’impérieuse nécessité de respecter et protéger notre environnement. Une montagne aussi bavarde mérite grandement que l'on s'y attarde.

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Hé, hé hé, j’attends les « Picards « de pied ferme. Je leur montrerai mon « road movie » Sparte-Kalamata. Il est encore temps de visiter cette dangereuse merveille. Mais attention. Dans 150 000 ans ou plus, la plaque Africaine passera sous la plaque eurasienne. Il n’y aura plus de Magne, plus de Méditerranée, plus de Grèce et sans doute plus de Français pour poser de telles questions au p’tit déj'.

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Dominique Milliez